jeudi 15 septembre 2011

Utopie (?) : vers la constitution d'une marine de guerre européenne.

Bien que n'étant absolument pas spécialiste de la marine et de ses enjeux - je laisse cela à messieurs Coutau-Bégarie, Henrotin et "Colbert" - ce petit article a pour but de lancer une petite tempête de cerveau si certains le souhaite.


Bien que l'Union européenne traverse une crise sans précédent menaçant selon certains de la faire disparaitre, il est probable qu'elle s'en sorte grâce à un saut fédéral budgétaire1. Concernant la marine, la constitution d'une force navale européenne (FNE) me parait prometteur puisque cela permettrait de régler les problèmes de budget et de volume insuffisant des forces (sujet « préféré » du Marquis de Seignelay cité ci-dessus) grâce à une mutualisation des matériels2, des procédures et ce pour les trois missions suivantes :
            • action de l'État en mer, le cumul des ZEE des États-membre faisant de la ZEE européenne la première du monde3 ;
            • défense des côtes et des voies commerciales ;
            • projection des forces.

Afin d'y répondre, la FNE serait constituée de trois composantes :
            • une composante côtière équipée de patrouilleurs furtifs et non-furtifs ,– armement : missiles, canons, drones... –, d'avions de patrouille, de radars côtiers... ayant pour missions le sauvetage, le contrôle de la ZEE en terme de police mais également contre des navires de guerre grâce à la techno-guérilla navale ;
            • une composante hauturière/océanique composée de 3 portes-avions, de plusieurs portes-aéronefs/hélicoptères, de BPC, de sous-marins, de navires de guerre lourd (nombreux missiles, canons, drones) plus ou moins spécialisés (lutte anti-aérienne [AA]/sous-marine [ASM]...) ;
            • une composante « sealift » dont les navires répondant à des normes civilo-militaires seraient loués en temps de paix à des compagnies de commerce et récupérés pour des mission de projection en cas de besoin.

La mise en place d'une telle force ne paraît pas trop compliquée, les différentes marines nationales ayant déjà l'habitude de collaborer au sein de l'OTAN ou de l'EUROMARFOR. Il ne s'agit pas ici de constituer des équipages multinationaux du fait du problème de la langue4 et du maintien des navires sous le pavillon national pour des missions autonomes, l'UE étant encore pour longtemps divisible en terme de politique étrangère. D'ailleurs, les forces océaniques stratégiques française et britanniques ne pourraient rentrer dans ce système du fait de l'autonomie de la dissuasion nucléaire.

Notes.

1 Malgré tout, la disparition de l'UE, nonobstant les premiers et lourds désagréments, pourrait se révéler bénéfique en permettant de reconstruire une UE sur des bases plus solides, plu démocratiques, plus sociales tout en évitant les erreurs de conception actuelles.
2 Mais cela pose la question de l'avenir des différentes industries de construction navales.
3 Je ne dispose pas du chiffre exact, les différents statuts des territoires annexes posant problème.
4 Bien que l'on connaissance ma position dessus : l'espéranto.

3 commentaires:

Le marquis de Seignelay a dit…

C'est gentil de me citer !

Je pense que tu peux pousser ta réflexion encore plus loin, et ce, en rapport avec tes préoccupations :
- à titre personnel, j'imagine un laboratoire de la garde-côtère européenne dans les Antilles. D'une part, une "région européenne" pour développer les territoires européens de la Mer dans Antilles, de la Guyane aux îles néerlandaises en rapport avec leur milieux. Celui qui pèsera le plus dans une telle création... sera celui qui lui vouera le plus d'intérêts (un peu comme le travail de patience des allemands dans les institutions européennes, on récolte ce que l'on sème). Cette création administrative s'accompagnerait d'un QG local de contrôle des ZEE afin de mutualiser les moyens, organiser les patrouilles, et organiser les relations avec les acteurs de la région, sans faire doublon avec le centre américain de lutte contre les trafics de drogue en Floride.
Je ne parle même pas d'une intégration -même pour la Région puisque c'est plus symbolique qu'autre chose pour débuter- mais d'une politique de coopération qui fera des émules en période de disette.
Il y a pas mal d'applications : réseau de sauvetage via voilures tournantes, mutualisations des réserves locales, échanges entre-elles, etc...
- Sur les escadres, il faudrait au moins organiser des "groupes de travail" ! Ce serait un minimum pour conserver nos compétences ou récupérer les compétences perdues. D'où un QG européen puisque l'OTAN ne sert pas à grand chose : pourquoi le groupe amphibie anglo-hollando-danois ne décolle-t-il pas ? Pourquoi pas un nouveau groupe ASM ? Voir plusieurs vu la quantité de navires dont l'Europe dispose ? Un centre d'entraînement à la guerre littorale en Baltique ? A la guerre polaire dans l'océan Arctique ? Une escadre aéronavale ? Il y a de quoi mutualiser les entraînements pour le strict bénéfice commun : moins il y a de navires, moins il y a de temps d'opération. Plus l'entraînement est "rentabilisé" en jours de mer et en moyens, plus il y a de temps d'opérations (qui reste à la stricte préférence des Etats, l'Europe ici est un multiplicateur de puissance au bénéfice des Etats membres).
- Une Flotte logistique européenne ne serait pas inutile. Au moins un commandement à la manière de l'EATC (Air) afin de "rentabiliser" les unités logistiques existantes. Mais toute création plus intégrée, même pour quelques navires servant aux entraînements dans une sorte de "Home Fleet" serait un exercice laborieux. Les pétrolier-ravitailleurs allemands ont été paralysée par une grève car à équipages civils. Pour une telle création il faut un cadre législatif et règlementaire rigoureusement pensé ! Et une stratégie des moyens : à force que tout les Etats tirent chacun pour eux, il n'y a pas ou plus de navires de soutien aux groupes de guerres des mines (indispensable, encore vu en Libye), aux sous-marins, qu'ils soient classiques ou nucléaires, aux aéronavales par ADAV (voir Atlantic Convoyor), etc...

Il y a des "biens militaires communs" ou des "services interarmées européennes" à mettre en place. Ces créations serviraient les Etats membres en premier lieu en leur redonnant une marge de manoeuvre. Il n'est pas nécessaire de rentrer dans l'Union européenne si ce n'est pas pour se créer un minimum de bénéfices !

AF_Sobocinski a dit…

Il est vrai que la mise en place d'un système de coopération dans les territoires antillais pourrait être un excellent galop d'essai car utile tout en étant facile à mettre en place. De même pour les centres d'entrainement spécialisés.

Pour ce qui est de la lutte anti-mine, c'est je pense un axe majeur à développer, surtout que le savoir-faire européen, en particulier français, en la matière est très supérieur à celui de l'US Navy.

Pour le QG européen, ce serait une idée mais il reste à régler le problème de la permanence : imaginons que lors d'une opération extérieure, un Etat, l'Allemagne par exemple, décide de ne pas s'engager alors que l'amiral dirigeant le QG est allemand, que fait-on ? S'il faut un vote unanime des Etats, un tel QG ne sert pour ainsi dire à rien.
A moins que l'on donne un statut européen (une sorte de détachement auprès de l'UE avec "suspension" de la nationalité d'origine) à ses membres et que la décision de déploiement, décidée par le Parlement européen, fasse autorité sur les Etats. Mais encore faut-il que les militaires détachés soient lotal avant tout à l'UE, ce qui est peu probable pour le moment.

Le marquis de Seignelay a dit…

Sur la lutte ASM, il faut voir le prêt du sous-marin Gotland (Svenska Marinen) à l'US Navy pour une durée d'un an (2007 à 2008, quelque chose du genre). Dans le même ordre d'idée, mais plutôt pour expérimenter la guerre littorale, l'US Navy s'était fait prêter le patrouilleur Skjold de la Søværnet (Marine danoise) : navire à effet de surface hautement furtif (DCNS réalise le système de combat).

Dans la lutte anti-mines, il y avait eu le succès industriel du programme CMT : même navire, et suprême réussite, même modernisation à mi-vie sur la trentaine de coques livrées par trois chantiers différents (si ma mémoire est bonne). Le nouveau programme en France est le SLAMF et on annonce d'ores et déjà la participation anglaise, voir allemande. Le dernier programme suédois en la matière est intéressant puisque les navires sont conçues pour la guerre littorale : lutte anti-mines et ASM "basique". Tandis que notre nouveau programme est plutôt océanique (renouveau des BAMO de classe Narvik).

L'US Navy n'aurait plus qu'un ou deux chasseurs de mines en état opérationnel sur la vingtaine qu'elle posséderait.

Sur le QG, on pourrait au moins construire une partie pour l'entraînement des armées et marines, et une structure ad hoc que le QG européen pourrait mettre en place en cas d'opération menée par certains Etats membres.