vendredi 30 décembre 2011

Petite géopolitique du conseil de sécurité des Nations Unies.




Depuis sa création , le Conseil de sécurité des Nations Unies (CS-ONU) est chargée de :
  • Maintenir la paix et la sécurité internationales, conformément aux buts et aux principes des Nations Unies;
  • Enquêter sur tout différend ou toute situation qui pourrait entraîner un désaccord entre nations;
  • Recommander des moyens d'arranger un tel différend ou les termes d'un règlement;
  • Élaborer des plans en vue d'établir un système de réglementation des armements;
  • Constater l'existence d'une menace contre la paix ou d'un acte d'agression et recommander les mesures à prendre;
  • Inviter les Membres à appliquer des sanctions économiques et d'autres mesures n'impliquant pas l'emploi de la force armée pour prévenir une agression ou y mettre fin;
  • Prendre des mesures d'ordre militaire contre un agresseur;
  • Recommander l'admission de nouveaux membres et les conditions dans lesquelles les Etats peuvent devenir parties au Statut de la Cour internationale de Justice;
  • Exercer les fonctions de tutelle de l'ONU dans les «zone stratégiques»;
  • Recommander à l'Assemblée générale la nomination du Secrétaire général et élire, avec l'Assemblée générale, les membres de la Cour internationale de Justice.
Il est composé, depuis 1966, de 15 membres dont 5 permanents. Soit pour ces derniers -- grands vainqueurs de la seconde guerre mondiale et membres du groupe restreint des détenteurs de l'arme atomique/nucléaire -- les États-Unis d'Amérique, la Russie (ex-URSS), la Chine (après éviction de Taïwan le 25 octobre 1971), le Royaume-Uni de Grande-Bretagne et d'Irlande du Nord et la France. Les dix autres membres sont renouvelés tous les ans par moitié pour des mandats de deux ans (il y a quelques cas de mandats d'un an).

L'appartenance  au conseil de sécurité de l'ONU est prestigieuse et donne une importance certaine à l'élu durant son mandat. Le renouvellement des mandats prouve bien entendu une importance manifeste de l'État sur l'échiquier politique mondial. Bien sûr, la date d'entrée au sein de l'Assemblée générale de l'ONU en tant que membre à part entière à un impact non négligeable : la Corée du sud ne l'est que depuis la disparition de l'URSS en 1991 tandis que la Suisse ne l'est que depuis 2002 avec la fin de sa "neutralité". 

L'Amérique du nord, l'Europe occidentale, l'Amérique du Sud et le sous-continent indien concentrent les États ayant été le plus élus tandis que l'Océanie, l'Afrique, les Balkans, les Proche et Moyen-Orient ont été peu représentés. Pour ces derniers, cela s'explique principalement par des entrées relativement récentes et/ou une faible importance diplomatique des États concernés. Les Kiribati, entrés en 1991, cumulent également avec une faiblesse diplomatique extrêmement forte comme l'ensemble des "micro-États" du Pacifique. Ce raisonnement est également valable pour les États de l'ex-URSS. L'Australie et la Nouvelle-Zélande souffrent d'un certain isolement géographique cumulé avec l'influence du Royaume-Uni avec le Commonwealth. 

Les États africains ont longtemps souffert d'un défaut de légitimité qui a divisé les nominations. L'Afrique du sud, un des BRICS, du fait de l'apartheid, n'a pu être élu durant longtemps mais son développement lui a permis de l'être en 2007 et en 2011. La  puissance des BRICS se retrouve bien dans leur représentativité puisque le Brésil détient le record des élections (10 fois) tandis que l'Inde l'a été 7 fois ; mais c'est un phénomène qui n'est pas nouveau. Le Pakistan détient également 7 nominations, à égalité avec son rival et voisin indien. 

L'Amérique du sud, outre le Brésil, a été bien représenté avec l'Argentine, la Colombie ou encore Panama. Pour ces deux derniers, on doit sans doute y voir l'unfluence de Washington. Le Canada, régulièrement élu, doit sans doute cette position au fait qu'il a longtemps été l'un des principaux pourvoyeur de casques bleus tout en privilégiant le multilatéralisme. 

Le Japon, longtemps seconde puissance économique mondiale, co-détient le record d'élection avec le Brésil.

Données :

jeudi 8 décembre 2011

L'action contre Marine Le Pen à Paris-Dauphine était-elle légitime ?


Le mardi 6 décembre, Marine Le Pen, présidente d'un Front national (FN) qu'il n'est pas nécessaire de présenter1, était invitée à participer à un débat économique sur une invitation de l'association Dauphine Discussion Débat de l'université Paris-Dauphine. Or, un certain nombre d'associations, étudiantes ou non – c'est à dire l'Union nationale des étudiants de France (UNEF), SOS Racisme, l'Union des étudiants juifs de France (UEJF), l'Union des étudiants communistes, la Confédération étudiante (Cé) – ont manifesté leur mécontentement contre la venue de Mme Le Pen sur le campus universitaire du fait des idées de celle-ci. Au cours de la manifestation, l'amphithéâtre où devait avoir lieu le débat a été envahi, du matériel vidéo apparemment endommagé et un des membres de Dauphine Discussion Débat frappé2.

Si les idées de Mme Le Pen sont extrêmement dérangeantes, et le mot est faible, une telle manière de se comporter est-elle valable, surtout lorsque l'on revendique de protéger la démocratie ?



Et bien, au vu des nombreux articles sur les libertés d'expression, de réunion, d'opinion des Déclarations des droits de l'homme & du citoyen ,– que l'on trouvera rassemblés ici – , la réponse est évidemment négative. En effet, Mme Le Pen a tout à fait le droit de défendre des idées, même XXXX, si le législateur n'a pas voté de loi contre, de diffuser ses idées de la manière qu'elle le souhaite y compris, et surtout, dans le cadre d'un débat démocratique pacifique.

C'est pourquoi, au vu de ces faits, un certain nombre de personnes pensent que l'action de ces associations – y compris les instances nationales auxquelles la Confédération étudiante de La Rochelle est affiliée – constitue une erreur à partir du moment que la manifestation a dégénéré, le débat empêché ; surtout que celui-ci aurait été l'occasion de démonter intelligemment et systématiquement l'argumentation de Mme Le Pen dans le plus pur respect des valeurs démocratiques et républicaines qui sont les nôtres.



1 Au cas où, il s'agit d'un parti politique xénophobe car anti-immigration, anti-européen car nationaliste, etc.

2 Source : Bloc-note Droite-extrême sur lemonde.fr

mercredi 7 décembre 2011

Les libertés d'expression, d'opinion et de réunion pacifique dans diverses déclarations et chartes.


Déclaration des droits de l'homme & du citoyen du 29 août 1789.

Article 2 : Le but de toute association politique est la conservation des droits naturels et imprescriptibles de l'homme. Ces droits sont la liberté, la propriété, la sureté et la résistance à l'oppression.

Article 10 : Nul ne doit être inquiété pour ses opinions, même religieuses, pourvu que leur manifestation ne trouble pas l'ordre public.

Article 11 : La libre communication des pensées et des opinions est un des droits les plus précieux de l'homme ; tout citoyen peut donc parler, écrire, imprimer librement, sauf à répondre de l'abus de cette liberté dans les cas déterminés par la loi.


Déclaration des droits de l'homme & du citoyen dite « girondine » du 29 mai 1793.

Article 6 : Tout homme est libre de manifester sa pensée et ses opinions.

Article 8 : La conservation de la liberté dépend de la soumission à la loi. Tout ce qui n'est pas défendu par la loi ne peut être empêché, et nul ne peut être contraint à faire ce qu'elle n'ordonne pas.


Déclaration des droits de l'homme & du citoyen dite « montagnarde » du 24 juin 1793.

Article 7 : Le droit de manifester sa pensée et ses opinions, soit par voie de presse, soit de toute autre manière, le droit de s'assembler paisiblement, le libre exercice des cultes, ne peuvent être interdits. La nécessité d'énoncer ces droits suppose ou la présence ou le souvenir récent du despotisme.


Déclaration universelle des droits de l'homme & du citoyen du 10 décembre 1948.

Article 19 : Toute personne à droit à la liberté d'opinion et d'expression, ce qui implique le droit de ne pas être inquiété pour ses opinions et celui de chercher, de recevoir et de répandre sans considération de frontière, les informations et les idées par quelque moyen d'expression que ce soit.
Article 20 : Toute personne a droit à la liberté de réunion et d'association pacifiques.


Charte des droits fondamentaux de l'Union européenne du 7 décembre 2000.

Article 12 : Liberté de réunion & d'association. 1.Toute personne à droit à la liberté de réunion pacifique et à la liberté d'association à tous les niveaux, notamment dans les domaines politique, syndical et civique, ce qui implique le droit de toute personne de fonder avec d'autres des syndicats et de s'y affilier pour la défense de ses intérêts.


Source :  Anthologie de Frédéric Rouvillois, Les déclarations des droits de l'homme, Paris,Le Monde-Flammarion, Les livres qui ont changé le monde, 2009.

dimanche 27 novembre 2011

Les ventes de DVD et de Bluray en France.


Si l'on excepte l'estimation de 2011, on constate une certaine stabilité des ventes de DVD malgré une hausse non négligeable du bluray. Ce dernier semble souffrir d'un coût élevé et d'un fort attachement au DVD, à moins que ce dernier ne s'explique par le premier.
Le piratage ne semble pas, ou du moins plus, avoir un effet très important sur les ventes et la Haute Autorité pour la diffusion des œuvres et la protection des droits sur internet (Hadopi) n'a pas l'air d'avoir d'effet significatif bien qu'il soit un peu tôt pour l'évaluer (elle ne fonctionne pleinement que depuis septembre 2010).

dimanche 13 novembre 2011

Réflexion sur la bombe nucléaire et la construction européenne.

"Signalons d'ailleurs, à propos du débat nucléaire en cours (15 commentaires en dix jours à la suite de mon billet) qu'il ne faut pas se tromper : quand on dit "l'Europe c'est la paix", on se trompe : en fait, c'est la paix qui permet l'Europe. Et c'est la bombe qui permet la paix. Vouloir sortir de la bombe au motif qu'on est en paix revient à ne pas apercevoir les liens de causalité. Sortir du nucléaire revient à permettre le retour de la guerre classique..."

Pour M. Kempf, auteur de l'excellent bloc-note Égéa, la bombe atomique, puis nucléaire, a permis de maintenir la paix en Europe et donc la construction de ce qui est aujourd'hui l'Union européenne. Si l'équilibre nucléaire durant la guerre froide entre les deux blocs a effectivement permis le maintien d'une paix (chaude) et donc la mise en place des bases des institutions européennes, je ne pense pas que ce raisonnement soit encore pleinement valable au sein de l'Union européenne.
 
En effet, depuis la chute du bloc soviétique, la CEE est devenue l'UE après avoir intégrée les pays d'Europe de l'Est, attirés par les lumières de l'Occident démocratique et capitaliste. La construction européenne a ammené une interdépendance économique extrêmement forte entre les États-membres, un certain sentiment d'appartenance à une communauté (lien plus ou moins fort selon les États et les générations), un renforcement du pacifisme (?). Ceci permet donc une stabilité intra-européenne qui empèche de facto l'émergence d'un conflit classique ou du moins une dissuasion classique car aucun État ne pourrait faire face aux armées des autres membres de l'UE, couplées à un désastre économique qui étoufferait le pays même sans combat sur le territoire. 
 
Bien sûr, en rajoutant la détention de l'arme nucléaire par deux États (France & Royaume-Uni), l'apparition d'un conflit classique devient tout de suite impossible bien que son usage me parait difficile dans ce cas. En effet, l'utilisation d'une telle arme contre la population (puisqu'il est impossible de ne cibler que des forces militaires, sauf force navale ou aérienne) ne pourrait se justifier que par le risque de disparition pure et simple de l' État détenteur de la bombe, ce qui est impossible, l'adversaire européen pouvant être vaincu par des moyens classiques (défense et économie) bien que coûteux en vie humaines. L'utilisation de la bombe H sur un État de l'UE pourrait donc être qualifiée de crime de guerre et de crime contre l'humanité ; l'État utilisateur passera alors comme l'équivalent d'une Allemagne génocidaire. En fait, l'arme nucléaire ne pourrait être utilisée que comme arme à impulsion électromagnétique, et encore...
 
Par contre, l'arme nucléaire joue encore son rôle de faiseuse de paix et donc d'outil de construction européenne en empéchant toute guerre classique contre l'UE elle-même, bien qu'une telle attaque soit difficilement imaginable. Mais attention à la surprise stratégique. 

samedi 5 novembre 2011

Vers une Europe fédérale : quelle langue de travail ?


Cet article a été publié originellement publié sur le site de Sauvons l'Europe.

La crise économique et budgétaire qui touche les États membres de l'Union européenne, et plus particulièrement la Grèce, a amené la création d'instruments de solidarité budgétaire (Fonds européen de stabilité financière/FESF). Mais comme le demande certaines personnalités (Virgilio Dastoli, Jean-Michel Baylet, Alain Juppé), associations (Sauvons l'Europe) ou partis politiques (PRG par exemple), la constitution d'un véritable État fédéral, des États-Unis d'Europe (EUE) semble nécessaire, inévitable à plus ou moins long terme.

Mais même si une Europe fédérale était constituée avec des institutions démocratiques élus par l'ensemble des citoyens européens, ces derniers conserveraient une autre nationalité, celle d'un des États fédérés dont ils sont membres. Ces États resteraient des États-nations car il ne serait pas possible de faire disparaître ce qui fait leur force : une histoire longue, parfois millénaire ; des habitudes culturelles, sociales mais surtout une (ou plusieurs) langue(s).

Or, une Europe fédérale implique des institutions communes (qui existent déjà en partie) et donc de communiquer. Aujourd'hui, le multilinguisme est largement utilisé, puisque obligatoire, il concerne essentiellement les documents finaux et les principales réunions et assemblées1. Pour les autres documents et réunions de moindres importances, le multilinguisme se limite au mieux à trois langues (allemand, anglais, français) mais plus souvent à une seule, l'anglais.

Or, l'établissement d'un véritable État fédéral doit amener un respect total entre les différentes langues nationales, une véritable égalité. Or, il n'y a que deux solutions : 
  • le multilinguisme intégral ; 
  • l'espéranto.

Le multilinguisme intégral a l'avantage de respecter l'ensemble des langues mais est coûteuse et difficile à mettre en œuvre à cause du besoin de très nombreux traducteurs et des relations plus difficiles entre députés, fonctionnaires... du fait de l'absence de vecteur de communication commun neutre.

Or, ce dernier existe d'ores et déjà bien que peu utilisé : la langue dite de Zamenhof, l'espéranto. Sa simplicité et son faible coût d'apprentissage2, sa neutralité, son efficacité dans la traduction et la communication – soulignée par feu l'espérantiste Claude Piron dans Confession d'un fou – lui donne une légitimité certaine pour devenir la lingua franca des futurs États-Unis d'Europe. L'espéranto permettrai de faciliter la communication, les échanges au Parlement européen, dans les différentes agences et administrations européennes pour ce qui est des institutions européennes mais également dans d'autres domaines : 

  • le monde universitaire qui historiquement à toujours eu une langue véhiculaire pour permettre à l'ensemble de ses membres de communiquer par l'écrit (livres, articles...) ou la parole (colloques...) ;  
  • la défense européenne puisque les différentes armées existantes n'ont plus (ou presque plus) les moyens de fonctionner seules en cas de projection sur des théâtres d'opérations extérieurs. L'espéranto serait en plus un symbole de la construction de la défense européenne que l'OTAN, dominée par les États-Unis d'Amérique et donc de langue anglaise, gène.


Pour conclure, je rappellerai que l'absence de langue de travail commune empêchera la formation d'une véritable fédération des États-nations européens respectant toutes leurs différences culturelles, la langue anglaise ne pouvant alors jouer ce rôle. Enfin, l'espéranto n'a aucunement pour but de remplacer les langues nationales, sa valeur propédeutique devant même faciliter l'apprentissage d'autres langues.
 
Notes.
 
1« En ce qui concerne la pratique de l’interprétation, le Parlement européen se distingue des autres organes de l’UE en ceci que le principe du multilinguisme global contrôlé y est respecté dans le travail quotidien. Ceci signifie qu’un service d’interprétation est assuré à partir de toutes les langues officielles de l’Union européenne et vers ces langues. À l’exception de réunions plus restreintes, les séances plénières et les réunions des instances, commissions et groupes parlementaires bénéficient d’une interprétation selon le même principe, dans la mesure où la capacité du service d’interprétation le permet. Pour les langues moins répandues, on vérifie, avant les réunions de plus petites instances, si des députés ayant pour la langue maternelle l’un des ces idiomes rares doivent y participer. Le droit de chaque parlementaire à bénéficier d’une interprétation des débats et de ses propres interventions dans sa langue maternelle est ancré dans le règlement du Parlement. Le Parlement européen incarne ainsi, dans son effort pour garantir l’utilisation de toutes les langues officielles dans la pratique parlementaire, la diversité linguistique de l’UE. » Source : Site de l'Europarlement.

2Soulignés par le rapport de François GRIN, L'enseignement des langues étrangères comme politique publique.

mardi 1 novembre 2011

L'admission de la Palestine à l'UNESCO [Mis à jour]


L'admission de la Palestine comme membre à part entière de l'UNESCO marque un pas important dans la mise en place d'un État palestinien. Malgré tout, il est à craindre que l'État israélien en profite pour renforcer la colonisation et multiplier ses exigences.
Les États-Unis d'Amérique persistent dans leur soutien inconditionnel à Israël même si cela doit les opposer à une grande part du monde en particulier aux États de son pré carré américain où seuls les États les plus dépendants ou proches idéologiquement l'ont suivi : les membres de l'Alena (dépendance économique plus idéologie de Stephen Harper au Canada), le Panama et la Colombie. L'influence du lobby juif aux États-Unis est donc majeure, surtout en pleine campagne présidentielle, comme le montre d'ailleurs le dernier Un oeil sur la planète.
Concernant l'Union Européenne, on constate comme d'habitude sa division avec quatre États ayant voté contre dont l'Allemagne tandis que dix ont voté pour l'admission.
Pour terminer, on voit bien que les États du Sud représentent une force politique majeure à partir du moment qu'un véto ne peut leur être opposé. D'ailleurs, il serait intéressant de voir quel sera l'impact de ce vote sur l'image des États-Unis dans ces pays.

L'UNESCO va chèrement payer cet acte en perdant du fait de la loi des États-Unis d'Amérique 22 % de son budget. Le Canada et Israël devant suivre le même chemin, l'UNESCO va perdre  25,591 % de son budget, handicapant lourdement ses capacités de travail. L'arrêt des contributions à une agence de l'ONU dont le travail est à priori des plus respecté ne va pas améliorer, là encore l'image des États-Unis d'Amérique.
Pour le Canada, on peut se demander si cela ne souligne pas un désintérêt croissant pour l'ONU comme le montre d'ores et déjà la baisse de la participation aux opérations de maintien de la paix. On peut également prédire de plus grande difficultés pour cet État dans les négociations avec les États sud-américains qui sont pourtant un axe majeur de sa politique étrangère (Géopolitique le débat, RFI).
Quant à Israël, son isolement diplomatique risque d'augmenter mais tant que l'ensemble de l'Union européenne ne tentera pas de faire pression de manière très importante, cela ne servira pas à grand chose.

Edit :
On remarquera enfin que des régimes très décriés (Corée du Nord, Cuba, Soudan, Iran, Biélorussie) se sont montrés plus ouverts que de nombreuses démocraties qui se sont abstenues ou ont carrément voté contre.


La carte est mise à jour, principalement grâce aux informations de Wikipédia (et donc potentiellement erronées). Vous voudrez bien excuser l'absence de légende et des tailles de symboles non-identiques alors qu'ils devraient l'être.

Sources :
  • Wikipédia ;
  • Ria Novosti ;
  • RFI ;
  • Irandaily ;
  • twitter ;
  • Wiadomosci ;
  • le plus du Nouvelobs...

vendredi 28 octobre 2011

Environnement et DROM-COM : quelle politique pour la France ? [édité]

Ce billet est le résultat d'une réflexion personnelle lancée par une conféréence de Mme Duvat-Magnan (enseignant-chercheur de l'Université de La Rochelle) et développée par et après une conversation twitter avec le marquis de Seigneulay.


Les DROM-COM sont en général peu connus des Français Métropolitains. Ces territoires se répartissent de la manière suivante :

  • départements-régions d'outre-mer (DROM) avec La Réunion, Mayotte, la Guadeloupe, la Martinique, la Guyanne ;
  • des collectivités outre-met avec Saint-Barthélemy, Saint-Martin, Saint-Pierre-et-Miquelon, Wallis-et-Futuna et la Polynésie française ;
  • une collectivité sui generis avec la Nouvelle-Calédonie ; 
  • un territoire d'outre-mer avec les Terre australes et Antarctiques françaises (TAAF) ;
  • un domaine d'État avec l'île de Clipperton.
Si l'indépendance à plus ou moins long terme de certains de ces territoires est à mon avis des plus probables (Nouvelle-Calédonie, Polynésie française), les autres devraient rester dans le giron de la République française. Or, ces territoires souffrent d'un manque criant d'investissements, d'un chômage particulièrement élevé (28 % à La Réunion en 2010, 24 % à la Guadeloupe en 2011...), d'un coût de la vie important amenant régulièrement des manifestations voire des émeutes comme le montre les exemples de la Guadeloupe en 2009 et de Mayotte cette année.
Or, la majorité de ces territoires disposent d'un environnement exceptionnel : La Réunion est inscrite au Patrimoine mondial de l'Humanité, la ZEE de Mayotte est un vaste parc naturel marin tandis que les  Îles Eparses subiront le même traitement prochainement. 
Les DROM-COM doivent ainsi concilier protection de l'environnement et développement économique et social ; on se retrouve donc avec une problématique de développement soutenable/durable. 

Prenons le cas de Mayotte. Cette île concentrait, en 2007, 186 387 habitants pour une densité moyenne de 511 hab/km² contre seulement 32 607 habitants en 1966. Cette explosion démographique s'explique à la fois par un fort taux de natalité (41,2 naissances pour 1000 habitants), en particulier chez les femmes étrangères, et une immigration relativement importante venant des Comores (38,7 % de la population recensée en 2007 est commorienne mais une part importante, un tiers, est née sur l'île)1. La population est extrêmement jeune avec une moyenne d'âge de 22 ans contre 39 ans en métropole2 et souffre donc d'un fort chômage du fait de créations d'emplois insuffisantes. Le retard de Mayotte se retrouve au niveau sanitaire (paludisme, lèpre, nombres de lits, de médecins faibles). En terme d'eau et d'assainissement, le retard est extrêmement grave. Le schéma directeur d'eau potable de 2003 disponible sur le site du SIEAM stipule que des investissements de 367 millions d'euros seront nécessaires d'ici 2020 pour faire face à la demande en eau qui pose de gros problèmes. L'établissement d'un large réseau d'assainissement doit donc se chiffrer en milliards. Et ce sera la même chose pour l'ensemble des domaines sociaux (santé, famille...), économiques (chômage) et environnementaux. La situation économique des Comores voisines amène une immigration clandestine non négligeable : la France doit redéployer une partie de son aide au développement sur cet Etat. L'Etat français doit mettre en place une ambitieuse (et donc coûteuse) politique de valorisation de ses territoires d'outre-mer en profitant des atouts de ceux-ci. Les énergies renouvelables sont un axe potentiellement majeur qui doit permettre de couvrir les besoins énergétiques croissants tout en permettant un développement économique majeur3. L'exploitation des gisements pétrolifères au large de la Guyane est également un axe à développer dans le respect maximum des normes environnementales (pour éviter des marées noires comme celle du golfe du Mexique) si cela profite aux populations locales bien entendu. Conncernant le Suriname voisin, l'aide au développement doit y être renforcé, en collaboration avec le Brésil. 
Sources. 
Pour Mayotte,
Notes.
  1. Source : INSEE   
  2. Source : INSEE
  3. Le Conseil économique, social et environnemental a publié en janvier 2011 un rapport sur le sujet (que je n'ai pas encore lu).

Quel avenir pour l'industrie de défense française et plus largement européenne ?

La réduction drastique des budgets des différents Etats de l'Union européenne pose bien entendu la viabilité de l'outil industriel de défense européen bien que celui-ci soit capable de créer des outils excellents dans de nombreux domaines (aviation, optronique, armement...).

Malheureusement, ces industries souffrent d'un coût élevé des matériels, de la concurrence nord-américaine ou de transferts de technologie massifs qui menacent à plus ou moins long terme la survie de nos industrie face à l'émergence de nouveaux concurrents moins chers. Surtout, la baisse des investissements internes en équipement ne permettra de compenser des pertes à l'exportation. Il est donc logique de penser que l'industrie de défense va subir de sérieux coups, du moins en terme d'emplois sur le sol européen. Ce qui consisterait une catastrophe puisque cela représente 165 000 emplois directs rien qu'en France (lettre 3P n°5).

Malgré tout, on peut espérer sauver cet outil en jouant sur les leviers suivants : 
  • préférence européenne pour l'achat de matériel, surtout quand on voit qu'il est meilleur (Rafale/Eurofighter typhoon/Gripen vs F-35 par exemple) ;
  • la mise en place d'une solide filière de traitement et de recyclage des armements (voir l'exemple ukrainien dans la lettre 3P n° 5 de l'IRIS) ;
  • le renforcement du rôle de l'Agence européenne de défense pour en faire un véritable coordinateur des industries de défense dans le but de défendre au maximum les emplois en spécialisant certains Etats dans leurs domaines de prédilection.


Lectures sur le sujet :

dimanche 16 octobre 2011

"2012. État d'urgence" de François Bayrou : premières impressions.

 
Ceci est une révolution le dernier ouvrage de François Bayrou, président du Mouvement démocrate, dans lequel il propose une analyse de la situation française avant de donner deux voies à utiliser : la production et l'éducation.
Si son diagnostic est le plus souvent pertinent (rythme législatif trop élevé, nombre insuffisant de PME, syndicalisation insuffisante...), je suis plus dubitatif sur les remèdes et certaines propositions :
  • Le fait que le Président de la République "ne peut pas être le chef d'un clan en son pays. Il représente le pays tout entier, dans la diversité de ses opinions [...]" (p. 151) me parait dès plus idéaliste et irréaliste car le Président sort d'un moule, celui d'un parti.
  • Concernant par exemple la faiblesse de la syndicalisation en France (8% des employés), M. Bayrou la regrette mais ne propose rien.
  • M. Bayrou reprend le modèle allemand pour dire que la France doit s'en inspirer pour nous relancer. Mais ce modèle repose sur l'exportation avec une faible consommation intérieure due à une compression des salaires avec pour résultat une hausse des inégalités et de la précarité, une croissance faible. Or, le modèle français reposant sur la consommation intérieure, l'application du modèle d'outre-Rhin pourrait être catastrophique.
  • Pour ce qui est de la démondialisation, M. Bayrou dit que le protectionnisme "n'a jamais marché" (p. 39). Or, dans certaines conditions particulières, cela fonctionne bien mieux que le libre-échange comme l'a montré l'historien Paul Bairoch dans Mythes et paradoxes de l'histoire économique
  • Enfin, je trouve que M. Bayrou passe bien vite sur son "plan pour les finances publiques" avec pas plus de 43 lignes sur le sujet (p. 105-107). Plan qui ne tient pas la route à mon avis  pour les raisons suivantes :
  1. Sous-estimation du montant des niches fiscales (il ne parle pas des niches déclassées) et en en conservant trop alors que leur efficacité est toute relative ;
  2. en menaçant la croissance avec une hausse de deux points de la TVA alors qu'il espère récupérer 20 milliards grâce à "la politique de soutien à la production [...], de l'investissement consécutif au grand emprunt, une croissance améliorée" (p. 107) ;
  3. en n'augmentant pas suffisamment les plus hautes tranches de l'impôt sur le revenu (45 % au lieu de 41 % plus une tranche marginale de 50 % pour les "revenus très élevés" : combien ?).
  4. en récupérant on ne sait comment 15 milliards sur les budgets sociaux. Enfin si, en réformant les retraites et en trouvant un meilleur équilibre pour l'assurance maladie. Très bien mais pourrait-on avoir quelques détails ?
  5. en baissant les interventions de l'État : c'est à dire en diminuant son train de vie, ses interventions envers les entreprises (question : et les fameuses PME ?), les collectivités locales (Question : pourrait-on avoir plus de détails et allez-vous au moins effectuer les transferts financiers qui n'ont pas eu lieu sous M. Sarkozy ?) et en continuant "avec discernement" la diminution du nombre de fonctionnaire.

Pour conclure, un livre très bien écrit par un auteur volontaire qui nous donne une analyse intéressante mais qui laisse pas mal de questions en suspens pour ce qui est de la solution.