vendredi 16 mars 2012

Politique énergétique et géopolitique européenne [édité].

Aujourd'hui, les Européens ont une empreint écologique trop importante qui constitue une menace pour notre avenir. Une large partie de cette empreinte est due à nos dépenses énergétiques qui proviennent essentiellement du pétrole et du gaz. Or, ceux-ci favorisent le changement climatique du fait de la production de CO2 lors de leur combustion (en particulier pour le pétrole). 
Pour lutter contre le réchauffement climatique, il est nécessaire de diviser par quatre nos émissions de CO2 et donc de réduire drastiquement notre consommation énergétique. Outre les énergies renouvelables, ce sont les gains en efficacité énergétique, en économies d'énergies qui nous permettront de réaliser cet objectif comme le propose l'association Négawatt. Si son scénario est destiné  à la France, sa philosophie est applicable à toute l'Union européenne et elle doit être appliquée.

La réalisation de ce scénario à l'échelle de l'UE ne serait pas sans conséquences géoéconomiques et géopolitiques, loin de là. Aujourd'hui, la dépendance énergétique de l'UE est colossale avec un taux égal à 53,9 % : on passe d'un État exportant plus d'énergie qu'il n'en importe avec le Danemark (-18,8 %) à un autre État comme Malte qui importe la totalité de ses besoins.
En 2010, l'Union européenne a importé 16 621 828 térajoules de gaz et 906 461 000 tonnes de pétrole brut et de produits pétroliers. La Russie représente ~25 % de nos importations dans les deux cas, suivie de la Norvège (9,11 % pour le pétrole mais 23,41 % pour le gaz). Pour le pétrole suivent la Libye (6,56 %), l'Arabie Saoudite (3,71 %), le Kazakhstan (3,43 %), l'Iran (3,31 %) entre autres. Pour le gaz suivent l'Algérie (11,95 %),  le Qatar (7,12 %), le Nigéria (3,03 %), etc.

En diminuant nos besoins énergétiques, nous diminuons nos importations, ce qui nous permettrait de reconquérir une large partie de notre souveraineté énergétique qui conditionne une partie de notre politique étrangère. De fait, nous lutterions de manière efficace contre les tentatives de la Russie de retrouver son hégémonie sur l'Europe de l'est en jouant sur le levier diplomatique mais également militaire en impactant le budget de État russe qui dépend en bonne partie des importations bien qu'elle puisse basculer ses exportation vers d'autres clients, la Chine en particulier.
Pour la Norvège, il n'est pas nécessaire de vouloir l'abaisser car elle ne fait pas pression sur l'Union européenne. De plus, les réserves norvégiennes sont de plus en plus faible et devraient s'épuiser d'ici dix à vingt ans d'après les chiffres fournis par BP (calcul personnel, BP Statistical review of world energy 2011)1.
Les autres États exportateurs se situent dans l'arc de crise qui court de l'Afrique de l'ouest à l'Inde. Les conflits y sont nombreux, les États instables : cela nécessite une vigilance particulière bien que les menaces directes sur les lignes d'approvisionnement soient faibles (piraterie) à l'exception d'une possible fermeture du détroit d'Ormuz par l'Iran en cas de guerre. C'est pourquoi une réduction de la consommation serait des plus intéressantes car elle nous permettrait de nous passer de ces États (certains dirigés par des dictatures) bien d'autres intérêts économiques soient présents.

Pour conclure, l'Union européenne a tout intérêt à appliquer le scénario Négawatt à son échelle afin d'accomplir deux objectifs de manière contiguë : la lutte contre le réchauffement climatique et une amélioration de son poids diplomatique. De plus, une telle politique devrait être créatrice de nombreux emplois non-délocalisables et de croissance avec une amélioration du pouvoir d'achat.

1. A l'occasion d'un échange de courriels, Philippe Rekacewicz, cartographe du Monde diplomatique, laisse entendre que les réserves seraient plus importantes du fait des découvertes récentes au large du Finnmark et de la hausse des tarifs qui permet d'exploiter des réserves non rentables jusqu'à présent. Il est donc probable que les réserves permettent une exploitation jusqu'en 2040 au moins.




Sources :


Site de l'association Négawatt.
Base de données Eurostat sur les importations d'énergie.
BP Statistical review of world energy, BP, juin 2011.

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